Le prestataire de soins de demain est une équipe… et les technologies médicales en font partie
Nous le savons tous : le secteur des soins de santé souffre actuellement d’une pénurie de personnel. S’il n’existe pas de solution miracle à ce problème, de nombreux petits gestes peuvent avoir un grand impact. Différents acteurs du secteur ont formulé des propositions en vue d’offrir un meilleur accompagnement aux prestataires de soins de santé et de rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande. Le dénominateur commun de ces propositions ? Le recours ciblé aux technologies médicales.
« Nombre de prestataires de soins jettent aujourd’hui l’éponge, car ils n’ont pas suffisamment de temps pour soigner effectivement de leurs patients. L’utilisation ciblée des technologies médicales peut changer la donne. »
La demande de soins de santé augmente d’année en année en Belgique, tant en volume qu’en complexité. La fédération sectorielle Agoria a calculé que nous aurons besoin de pas moins de 106 000 (!) prestataires de soins supplémentaires si nous voulons répondre de manière qualitative à la demande accrue de soins dans notre pays à l’horizon 2030. Un constat alarmant, alors que de nombreux postes restent vacants dans le secteur des soins de santé à ce jour…
En quoi les technologies médicales peuvent-elles aider les prestataires de soins à faire face à cette demande croissante ?
Des parties prenantes issues de divers milieux se sont penchées sur cette question à l’occasion de notre table ronde intitulée « Le paysage des soins de santé en déséquilibre ». Ces acteurs de terrain se sont attardés à la fois sur l’offre et sur la demande en matière de soins. Il est, en effet, essentiel de travailler sur les deux fronts si l’on veut s’attaquer de manière structurelle à la pénurie de personnel dans le secteur des soins.
Renforcer l’offre de soins : attractivité, précision et intégration
En Belgique, nous comptons aujourd’hui plus de prestataires de soins qui partent à la retraite (« exode naturel ») que de nouveaux qui entrent en service. Les professionnels de la santé sont également de plus en plus nombreux à quitter le secteur prématurément, (bien) avant leur retraite. Ce problème semble se poser dès la phase de formation.
« De plus en plus d’étudiants en soins infirmiers abandonnent avant même d’accéder effectivement à la profession. » Robin Decoster, haute école Odisee
Pour inverser cette tendance et renforcer notre offre de soins, les participants à la table ronde souhaitent utiliser les technologies médicales à trois fins.
Attractivité : les technologies médicales peuvent décharger les prestataires de tâches répétitives (p. ex. monitoring et enregistrement), ce qui leur laisse plus de temps pour s’occuper effectivement des patients. Le recours plus fréquent à la technologie peut également contribuer à attirer de nouveaux profils dans le secteur des soins de santé.
Précision : diverses technologies médicales aident à accroître la précision dans le secteur des soins de santé. Les opérations deviennent moins invasives et nécessitent, de ce fait, moins de personnel. Dans ce contexte, une collaboration encore plus étroite est de mise entre les membres du personnel médical et technique. Ce point doit aussi être abordé dès le stade de la formation.
« Le prestataire de soins de demain est une équipe. » Brecht Cardoen, KU Leuven en Vlerick Business School
Intégration : la complexité croissante des soins accentue sans cesse l’importance de mettre en place une approche intégrée. Les technologies médicales peuvent aider les prestataires à collaborer à travers les disciplines et même à travers les organisations. Pour donner un véritable élan aux soins intégrés dans notre pays, nous devons toutefois en repenser le financement : nous devons valoriser les résultats des soins plutôt que l’acte en tant que tel.
Move people, not knowledge : l’IRM à distance
Un des exemples abordés au cours de la table ronde est le projet WeScan : un patient peut passer une IRM sur le campus Sint-Augustinus des GZA Ziekenhuizen d’Anvers, tandis que l’examen est réalisé à distance par un technologue en imagerie médicale (une profession précisément en pénurie) de l’AZ Delta, à Roulers. Cet accompagnement s’effectue via un cockpit virtuel conçu par Siemens Healthineers.
Cet exemple illustre bien de quelle manière les technologies médicales peuvent contribuer à résoudre le problème croissant d’effectif dans le secteur des soins de santé. Cliquez ici pour en savoir plus sur le projet.
Modérer la demande de soins : dépistage et rôle du patient
Selon les membres de la table ronde, les technologies médicales peuvent également aider à réduire la demande croissante de soins de santé. Les participants épinglent deux éléments essentiels : le dépistage et le rôle actif du patient.
Dépistage : étant donné qu’il existe toujours plus de possibilités thérapeutiques, il est de plus en plus important de détecter les pathologies rapidement. Plus le dépistage est précoce, plus le traitement a des chances de réussir et moins le patient a besoin de soins par la suite. L’utilisation des technologies médicales aux fins de dépistage contribue donc à alléger la pression qui pèse sur le système de soins de santé.
Rôle actif du patient : les soins chroniques se composent d’une multitude d’actes récurrents. Grâce aux technologies médicales, les patients (et leur aidant proche) qui le souhaitent peuvent assurer eux-mêmes le suivi de certaines de ces tâches. Cela permet d’intégrer les soins de manière plus flexible à leur quotidien et de soulager le personnel soignant qui s’occupe d’eux.
La table ronde « Le paysage des soins de santé en déséquilibre » est la troisième et dernière d’une série d’événements organisés par beMedTech sur le thème « Les technologies au service des soins de demain ». D’autres tables rondes avaient eu lieu sur le rôle des technologies médicales en tant que game-changers du secteur des soins de santé, ainsi que sur l’utilisation des technologies médicales pour les personnes atteintes de maladies chroniques.
Glucomètres, pompes à insuline, technologies de capteurs, apps médicales, outils de télésurveillance… : d’innombrables technologies médicales peuvent contribuer à améliorer la prise en charge du diabète. Mais les outils technologiques seuls ne suffisent pas. Pour exploiter pleinement leur potentiel, nous devons les intégrer dans des modèles de soins adaptés.
Comment mettre en place ce type de nouveau modèle de soins ? " En réunissant les différents acteurs des soins aux personnes diabétiques, en essayant de comprendre encore mieux le point de vue de chacun, puis en élaborant conjointement une nouvelle approche ", a souligné Sabrina Suetens, Managing Director de beMedTech. " Nous sommes donc ravis d’avoir organisé avec E-Health Venture cet événement qui a rassemblé de multiples intervenants. "
Au-delà du diabète
"Ce que nous faisons aujourd’hui va d’ailleurs bien au-delà de la prise en charge du diabète ", poursuit notre Managing Director. " Le nombre de personnes atteintes de maladies chroniques augmente fortement alors que le nombre de prestataires de soins stagne. Nous avons urgemment besoin de solutions qui permettent d’organiser davantage de soins chroniques, et de préférence des soins de meilleure qualité, avec le même nombre de soignants. Cela nécessite de développer des produits innovants, d’optimiser les processus et d’utiliser les données de santé plus efficacement. "
'Pour la plupart des start-up, le plus grand obstacle à l’heure actuelle réside dans le passage de l’innovation à l’adoption et à l’intégration effectives dans les systèmes de soins de santé. '
Erlend Debast, CEO d’E-Health Venture, incubateur dans le domaine de la santé numérique, est tout à fait d’accord. L’entreprise basée à Anderlecht se concentre sur la " période post-pilote ". "Pour la plupart des start-up, le plus grand obstacle à l’heure actuelle réside dans le passage de l’innovation à l’adoption et à l’intégration effectives dans les systèmes de soins de santé ", explique-t-il. " Une entreprise ne peut pas à elle seule forcer ce genre de percée. Il s’agit de créer une valeur commune bottom-up en collaboration avec les patients, le personnel et les établissements de soins. "
Moins de 50% des patients sont connus
Le Prof. Dr Frank Nobels (hôpital Onze-Lieve-Vrouw à Alost et KU Leuven) a partagé son rêve d’un registre national des données sur le diabète. " Une politique solidement étayée, l’amélioration de la qualité des soins, les applications cliniques et de recherche ainsi que l’autonomisation des patients reposent sur des données de qualité ", estime Frank Nobels. " Nous disposons actuellement de nombreuses sources de données en Belgique, mais elles ne sont pas ou pas suffisamment reliées entre elles. "
Avec le Nationella Diabetes Registret et le programme Diabetes Audit and Research Tayside, la Suède et l’Écosse démontrent ce qu’il est possible de faire quand on combine intelligemment les données. Frank Nobels : "Ces pays ont une idée plus précise des causes et des conséquences du diabète et de l’impact des soins, ce qui leur permet d’intervenir de manière plus ciblée. "
'Une requête dans les DPI nous permet d’identifier les patients qui sont vraisemblablement diabétiques, après quoi le médecin généraliste peut procéder à des contrôles ciblés. '
Ce genre d’initiative est aussi possible en Belgique. " Plusieurs initiatives prometteuses sont en cours en matière de données. Mais les données sources doivent être de bonne qualité, et c’est là que le bât blesse trop souvent. Nous connaissons actuellement moins de 50 % des personnes atteintes de diabète ", explique Frank Nobels.
" Comment résoudre ce problème ? En lançant, par exemple, une requête dans les DPI pour identifier les patients vraisemblablement diabétiques, puis en demandant aux médecins généralistes de confirmer ou d’infirmer officiellement le diagnostic. "
Pitchs : de la prévention et des pharmaciens à la photonique et à l’IA
Cinq entreprises ont pu présenter leur solution au public, qui jouait le rôle de jury. Une note accordée sur la base de quatre critères (*) a permis d’établir le classement suivant :
OneTwo Analytics : Entreprise suédoise fondée en 2019. Elle utilise des modèles entraînés par l’IA pour interpréter les données de mesure du glucose en continu (CGM). Les prestataires de soins peuvent consulter les données et leur interprétation dans un rapport tandis que les patients reçoivent un feed-back quotidien via une app.
moveUP : Entreprise belge fondée en 2015. Elle offre aux patients diabétiques et aux prestataires de soins un aperçu en temps réel des paramètres pertinents, et déclenche une alarme quand des valeurs nécessitent une attention particulière. Elle mise sur l’interopérabilité avec les logiciels des hôpitaux et des médecins généralistes.
Greenhabit : Entreprise néerlandaise fondée en 2018. Elle se concentre sur la prévention du diabète de type 2. Elle utilise la thérapie cognitivo-comportementale en ligne pour identifier les causes des comportements nocifs pour la santé et les traiter progressivement dans le cadre d’une approche intégrée.
Indigo : Entreprise belge fondée en 2016, en tant que spin-off de l’UGent et de l’imec. Elle met au point un capteur capable de mesurer et de surveiller différents biomarqueurs (glycémie, cétones, lactate…) grâce à la technologie photonique. Le capteur serait implanté en sous-cutané.
Salvus : Entreprise belge fondée en 2020. Elle élabore une plateforme qui permet aux pharmaciens d’accompagner les patients de manière proactive. Ceux-ci peuvent passer un test qui prédit le risque de diabète. Les pharmaciens peuvent ainsi suivre activement les personnes qui présentent un risque accru.
(*) Besoin réel, faisabilité de la mise en œuvre, évolutivité, soutien aux patients et/ou aux prestataires de soins.
CGM et diabète de type 2
Le Prof. Dr Laurent Crenier (Hôpital Erasme et H.U.B.) s’est penché sur le suivi du glucose en continu, ou CGM (continuous glucose monitoring). Les avantages pour les patients atteints de diabète de type 1 sont évidents : le CGM permet de mieux contrôler la glycémie et de réduire les hyper- et hypoglycémies par rapport à l’autosurveillance par prélèvement d’une goutte de sang au bout du doigt. Cette technologie sauve littéralement des vies. Il est donc logique qu’elle soit largement utilisée en cas de diabète de type 1 (81 % des patients en Belgique) et qu’elle soit entièrement remboursée.
La situation est différente pour le diabète de type 2. Le CGM n’est utilisé que chez 3 % des patients et n’est que partiellement remboursé (et encore, pas pour tous les patients). Le CGM n’offre-t-il donc aucun avantage pour le diabète de type 2 ? "Si, mais le tableau est nuancé ", répond le Prof. Dr Crenier. " Le diabète de type 2 est une pathologie très hétérogène pour lequel plusieurs sous-types, ou "endotype" du diabète de type 2 ont été décrits. Et, selon l’endotype, les solutions telles que le CGM pourraient bénéficier de différentes manières aux patients. "
' La technologie médicale peut devenir un catalyseur de la médecine de précision. '
Un problème vient du fait que ces différents endotypes du diabète de type 2 ne sont pas définis assez clairement. Le CGM pourrait contribuer à pallier cette lacune : en collectant des données de glycémie issues des CGM, en les reliant aux résultats cliniques des traitements et en les interprétant à l’aide de l’IA, nous pourrions délimiter plus efficacement des sous-groupes au sein du diabète de type 2 et déterminer plus précisément quelle technologie est efficace pour quel type de patient. " La technologie médicale devient ainsi un catalyseur de la médecine de précision ", explique le Prof. Dr Crenier.
C’est aussi important pour le budget des soins de santé. "Des centaines de milliers de Belges souffrent de diabète de type 2. L’utilisation de la technologie pour des patients aussi nombreux coûte cher à la société. Mieux vaut donc intervenir avec le plus de précision possible. "
Les QALY coûtent (trop) cher
Troisième et dernier orateur à prendre la parole : Dorien Vandormael (i-mens). Elle a présenté les conclusions de la première étude clinique consacrée au parcours de soins hybride pour le diabète de type 2 et s’est penchée plus avant sur l’étude de suivi qui a récemment débuté, avec le concours de deux membres de beMedTech.
La première étude a livré des résultats prometteurs. Les patients ont perdu en moyenne 2 kg et 2 cm de tour de taille. Quelque 90 % ont déclaré préférer le suivi hybride. Et si l’on suivait des patients diabétiques pendant 22 ans, ils gagneraient en moyenne 6 années en bonne santé (Quality-Adjusted Life Years ou QALY).
'Nous devons oser laisser le patient tranquille tant que les données ne s’y opposent pas. '
"Nous sommes clairement sur la bonne voie, mais des ajustements s’imposent ", estime Dorien Vandormael. " Par exemple, la première étude n’a pas montré de diminution significative de la glycémie moyenne sur 9 mois. Le prix par QALY était, en outre, beaucoup trop élevé : près de 111 000 euros, alors que la référence est fixée à 45 000 euros en Belgique. "
"Pour changer la donne, il faut encore réduire le nombre d’interventions humaines. Nous devons oser laisser le patient tranquille tant que les données ne s’y opposent pas. Nous devons, par ailleurs, envisager des moyens intelligents de maîtriser le coût de la technologie. Je pense par exemple à des tableaux de bord de données qui peuvent être déployés à grande échelle et qui permettent aux prestataires de soins de surveiller simultanément plusieurs pathologies. Ce serait plus efficace qu’avoir une plateforme distincte pour chaque maladie. "
Stress émotionnel
Clara Debelle est parvenue à rendre concret un concept aussi théorique que les QALY. Pas au titre de Senior Associate Life Sciences chez PwC, mais au titre de patiente. On lui a diagnostiqué un diabète il y a quelques années, lors d’un examen de routine. Elle ne présentait pourtant aucun symptôme de la maladie. Le diabète s’était déclenché à la suite d’un stress émotionnel provoqué par le décès soudain de son père et tous les défis qui s’en sont suivis
Son diabète est aujourd’hui sous contrôle, mais cela lui demande beaucoup d’efforts. " Je lance un appel aux prestataires de soins : basez réellement le programme de soins sur le patient. Celui-ci se sentira beaucoup mieux. C’est d’ailleurs le meilleur moyen d’induire un véritable changement. "
Formation aux technologies de la santé
Yannis Bakhouche, médecin généraliste à Saint-Gilles, président de la section locale du MR dans cette même commune et conseiller santé auprès de Georges-Louis Bouchez, a clôturé la partie " contenu " de l’après-midi en présentant sa vision de la prise en charge du diabète et d’autres maladies chroniques.
Que retenir de son intervention ? Nous avons besoin de la technologie pour faire face à l’augmentation des maladies chroniques (Yannis Bakhouche donne des cours dans le cadre de la formation en technologies de la santé de la haute école EPHEC). Par ailleurs, il ne faut pas avoir peur de déléguer des tâches (ce n’était peut-être pas voulu, mais ce point fait écho au projet de Salvus, voir encadré). Enfin, il faut aborder les maladies chroniques dans leur globalité, en tenant compte, notamment, de la vulnérabilité socio-économique.
'L’obtention des meilleurs soins ne doit pas dépendre de vos connaissances ou de vos relations. '
Alexander Alonso, président du conseil d’administration de beMedTech et General Manager de BD Benelux, a assuré la transition avec la réception de clôture. Il a évoqué la méningite bactérienne que son fils a contractée à l’âge de 3 ans.
'Il a pu bénéficier des meilleurs soins grâce à mes connaissances du secteur et aux nombreuses relations professionnelles que j’avais à l’époque ", se rappelle Alexander. "Mais la prise en charge ne devrait pas dépendre de ces facteurs. Tout le monde en Belgique mérite d’avoir accès aux meilleurs soins. Nous devons continuer à y travailler chaque jour, tous ensemble. Let’s move the needle together. "
La conclusion parfaite d’un programme riche en contenu et l’introduction idéale à un moment de réseautage éclairant. L’événement aura-t-il jeté les bases d’idées lumineuses et de nouvelles collaborations ? Espérons-le !
Sabrina Suetens succédera prochainement à Marnix Denys, qui était directeur général de la fédération depuis octobre 2016. De mai 2019 à août 2023, elle a travaillé pour Mölnlycke, où elle a occupé différents postes de direction. Jusqu'à la fin de l'année dernière, elle était également membre de l’organe d’administration de beMedTech.
‘Un élément important de la solution’
« Je tiens tout d'abord à remercier Marnix pour son engagement sans faille en tant que directeur général au cours des sept dernières années et demie », déclare Alexander Alonso (BD Benelux), président de l’organe d’administration de beMedTech.
« Marnix a contribué à faire connaître la technologie médicale comme un élément important de la solution aux défis auxquels est confronté notre système de soins de santé. Tout au long de son parcours, il a noué des relations durables avec les différentes administrations de la santé de notre pays et avec les représentants des patients, des prestataires de soins de santé et des établissements de santé. »
« Sabrina Suetens et son équipe continueront de construire sur ces fondations », a poursuivi Alonso. « Nous sommes convaincus qu'elle contribuera à renforcer le rôle des technologies médicales dans notre système de santé, en consultation constructive avec toutes les parties prenantes du secteur. »
Année électorale
Avec les élections prévues, 2024 sera une année très importante pour l'avenir des soins de santé belges, comme le sait Alonso. « Avec tous les autres acteurs du secteur, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les soins de santé figurent en bonne place dans l'agenda politique. Car la Belgique mérite des soins de santé de la meilleure qualité possible. »
Un cancer du sein a été diagnostiqué chez Ilse Malfait en 2020. Après un premier traitement de chimiothérapie, elle s'est retrouvée dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital. C'est alors qu'elle a contracté un sepsis, anciennement et couramment appelé septicémie.
Des conséquences dramatiques
Les symptômes ont été pris en considération trop tard, ce qui a eu et a encore des conséquences dramatiques. Ilse a oscillé entre la vie et la mort pendant des semaines et a été maintenue dans un coma artificiel. Ses doigts et le bas de ses jambes ont été amputés. Après 487 jours et 22 opérations, elle a finalement pu quitter l'hôpital.
Pour épargner à d'autres personnes tant de souffrances évitables, elle a fondé, avec d'autres survivants de la septicémie, l'organisation à but non lucratif Sepsibel en 2023. Leur mission ? Sensibiliser le grand public à la septicémie, mais aussi les prestataires de soins de santé et les décideurs politiques.
Ilse Malfait : « Il est grand temps de sortir la septicémie de l'ombre dans notre pays. Car chaque heure compte si nous voulons sauver des vies. »
Ilse Malfait a recueilli son expérience dans le livre « Elk uur telt » (Chaque heure compte). « Son témoignage nous permet de mieux comprendre les effets de la septicémie sur une personne et son environnement. Il nous incite à travailler à l'élaboration d'une meilleure politique en matière de septicémie », déclare le professeur Erika Vlieghe.
Le reportage a fait intervenir de nombreux spécialistes médicaux, tels que la virologue Prof Erika Vlieghe (UZA) et l'intensiviste Prof Jan De Waele (UZ Gent), tous deux membres du comité consultatif médical et infirmier de Sepsibel.
Le professeur Dr. Jan De Waele, président de la Société européenne de médecine intensive, s'est montré critique à l'égard de l'approche actuelle de notre pays en matière de sepsis. « Nous ne nous en sortons pas très bien du tout » , a-t-il déclaré.
En 2017, l'Organisation mondiale de la santé a exhorté les gouvernements à élaborer un plan de lutte contre la septicémie, et un certain nombre de pays européens disposent désormais d'un plan national. Mais pas la Belgique…
Appel : plan belge concret pour lutter contre le sepsis
Sepsibel appelle les décideurs politiques belges à travailler rapidement sur un plan national autour du sepsis. En tant que partenaire de l'association sans but lucratif, nous soutenons pleinement cet appel.
Ces dernières années, le nombre d'infections sanguines dans les hôpitaux belges a augmenté, selon le rapport de Sciensano. our inverser cette tendance, nous avons besoin d'un plan concret et solide pour lutter contre ces infections dans les soins de santé.
Selon nous, les éléments suivants méritent une place centrale dans un tel plan :
Guidelines et détection précoce: mettre en œuvre les lignes directrices internationales concernant le sepsis, notamment en ce qui concerne la reconnaissance et l'évaluation précoce, le diagnostique et pronostique de la septicémie, le traitement initial, l'intensification des soins, l'identification de la source d'infection, la surveillance précoce, l'information et le soutien aux patients et aux soignants, ainsi que la formation et l'éducation.
Prévention: renforcement des équipes hospitalières de soutien en cas de sepsis, en mettant l'accent sur la détection précoce.
Des données de qualité et Suivi : collecte obligatoire de données de qualité sur les sepsis et suivi précis de ces données, tant au niveau national qu'à l’échelle des hôpitaux, afin de procéder à des ajustements en temps utile, le cas échéant.
Consultation : organisation d'une consultation avec tous les acteurs concernés sur les actions prioritaires dans la lutte contre les sepsis.
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